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Vol. 16-1 – 1994
Regular Issue
Par l’intermédiaire de la division du Vieux-Québec et du patrimoine du Service d’urbanisme, la Ville de Québec demandait en 1989 au CÉLAT d’esquisser un projet de recherche ethnologique pour assumer dans sa totalité son patrimoine. Cette demande se situait dans le prolongement d’une démarche dont rend compte le Concept général d’interprétation du patrimoine de la Ville de Québec qui, parlant de » Québec, ville-mémoire « , fait allusion à » la mémoire collective de sa population « 1 tandis que le thème de » Québec, ville-cœur » se réfère à une ville qui » aussi « garde en vie avec puissance et avec cœur » une langue, des traditions2 « . Dans un tableau, ces deux thèmes sont résumés par des expressions comme » patrimoine de culture matérielle et de savoirs collectifs » et » patrimoine culturel3 « . Le document identifie même Québec comme un lieu de la parole et de la fête4. Dans sa publication, Partenaire du développement culturel du 23 mai 1989, la Ville de Québec, après avoir affirmé que » Le patrimoine de Québec constitue une richesse culturelle significative » reconnaissait le sens plénier du patrimoine en déclarant : » Le patrimoine de Québec, dans ses aspects tangible et intangible, matériel et humain, constitue une richesse reconnue à travers le monde ; il témoigne du caractère spécifique et attrayant de la ville, qu’il convient non seulement de conserver, mais aussi de mettre en valeur et de développer5. » Plus loin, le document poursuivait par cet énoncé de politique : » Assurer la mise en valeur du patrimoine de Québec : Le patrimoine humain et matériel renferme de nombreuses facettes ; visibles et invisibles, inscrites dans l’espace ou dans la mémoire collective, les ressources patrimoniales méritent toutes d’être mises en valeur6. » Pour mettre en œuvre une politique qui prend en compte tout son patrimoine, la Ville de Québec voulait recueillir des témoignages d’hommes et de femmes, témoins de la vie urbaine et de son évolution, de la vie quotidienne et de ses pratiques, afin de fournir un support à ses projets de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine dont elle a la responsabilité. Dans le cadre de cette mise en valeur du patrimoine, la Ville de Québec se proposait aussi d’instituer des activités d’interprétation et de sauvegarder le patrimoine des quartiers.
Jacques Mathieu, alors directeur du CÉLAT me demanda d’esquisser un projet qui tiendrait compte des propositions théoriques et des méthodologies développées dans le cadre d’une mission menée au Rwanda à la demande de l’A.C.C.T. en 19877. Avec sa collaboration qui se poursuivit après la fin de son mandat de directeur, j’ai prépare un projet intitulé Vivre sa ville : Québec au xxe siècle ; laboratoire d’ethnologie urbainequi a été soumis aux autorités municipales en mars 1990. À la suite de cette proposition, au cours de l’été de 1990, la Ville de Québec confiait au CÉLAT un premier mandat d’ethnologie industrielle portant sur le site de la compagnie F.-X. Drolet à Québec. L’ethnologue Nicole Dorion produisit à l’automne de 1990 un rapport qui fit bien voir les dynamismes culturels à l’œuvre dans les différents espaces urbains. La signature d’une entente entre la Ville de Québec et l’Université Laval le 4 avril 1991 permit de créer le Laboratoire d’ethnologie urbaine.
Le projet veut » identifier et mettre en évidence les pratiques culturelles signifiantes » de la vie urbaine, dégager les relations des citoyens et citoyennes aux territoires que constituent la rue, le quartier ou la ville dans son ensemble. Les recherches ont aussi pour objectif de faire ressortir les continuités et permanences, mais aussi l’effet des changements urbains dans l’organisation et le rythme de la vie. En définitive, » le projet veut montrer comment les gens de Québec, en s’appropriant le territoire et en s’adaptant aux changements de la ville dans le temps, ont élaboré un imaginaire qui a créé un champ urbain symbolique8 « .
Pour atteindre ces objectifs, nous avons voulu rencontrer les témoins de la vie urbaine, les acteurs sociaux et les groupes primaires où ils vivent. Le concept de groupe primaire, d’abord utilisé en rapport avec la socialisation de l’être humain, fut par la suite utilisé pour expliquer les rapports entre individus. Les individus se regroupent au sein de petits groupes, car ils partagent les mêmes valeurs et les mêmes objectifs. Ces » groupes dont le tissu social est serré » constituent des systèmes d’interactions intenses qui exigent une grande conformité de tous leurs membres. Le groupe primaire, groupe d’appartenance, devient alors un groupe de référence où les membres trouvent explications, conseils, interprétations, en un mot, un champ d’influence qui modélise leurs réactions aux stimuli du monde extérieur.
Dans les macro-espaces urbains se trouvent donc des micro-espaces, les petits groupes. En présence de situations ambiguës, ces petits groupes fournissent des éléments d’interprétation à leurs membres. Au fond, la production du sens s’opère par des procès sociaux car, au sein des groupes, les membres construisent une réalité sociétale qui permet de donner sens aux stimuli de l’Umwelt, leur environnement. Chaque groupe produit ainsi son champ de signification propre.
Devant une situation que l’expérience ne permet pas de décoder, les indécis se tournent vers certains membres du groupe primaire pour une interprétation qui deviendra alors la » réalité « . Au cœur de la ville, des sous-cultures sont ainsi créées : c’est là que les pratiques culturelles trouvent leur contexte.
Dans ce numéro thématique de Canadian Folklore canadien, nous voulons tout simplement présenter un premier bilan de certains de nos travaux ainsi que d’autres regards portés sur le phénomène urbain.
Dans » Pratiques culturelles et fonctions urbaines « , j’ai voulu esquisser la problématique d’ensemble de notre démarche : pour l’ethnologue, la culture urbaine se manifeste dans les pratiques culturelles des acteurs sociaux au sein de leurs groupes d’appartenance. L’analyse des récits de vie a permis de dégager un parcours de l’acteur social au sein de la ville : prenant appui dans l’aire domestique, l’acteur social inscrit par la suite son action dans une série de fonctions urbaines qui, à des degrés divers, modélisent son identité. Pour l’acteur social et son groupe, les pratiques culturelles remplissent la fonction d’un paradigme qui leur permet d’agir dans le champ des fonctions urbaines. En définitive, l’ethnologue est en présence de comportements, passés ou présents, de performances qu’un modèle qui prend la forme d’une matrice permettra d’interpréter.
Martine Roberge, dans » Ethnologie urbaine : questions de méthodologie « , présente les méthodes de collecte et de traitement des données que le laboratoire utilise dans son exploration de la culture urbaine. La rencontre de l’informateur ou de l’informatrice n’est pas une rapide entreprise qui se contente d’enregistrer quelques chansons. C’est de la vie d’un homme ou d’une femme, d’une totalité vivante, qu’il s’agit dans le récit de vie. Le questionnaire d’enquête esquisse un itinéraire qui suit l’enchaînement des fonctions urbaines dans l’évolution de celui ou de celle qui a vécu et vit encore l’expérience de la ville. La collecte terminée, une série de processus assure l’analyse des contenus et la conservation du matériel.
Dans son article » Le récit de vie comme outil d’enquête : expérience de terrain « , Simonne Dubois aborde pour sa part un des principaux instruments d’enquête utilisé parle laboratoire. Après avoir fait le point sur les travaux portant sur les histoires de vie, elle fait la synthèse des expériences de terrain et s’interroge sur l’efficacité de cet » outil d’enquête « . Elle montre que le récit de vie a pour objet premier le sujet qui se dit, se raconte et se conte, mais que le » texte » ainsi produit est aussi porteur de l’Autre, des autres et de la ville sous ses aspects de lieu de travail, de lieu de loisirs, de lieu de vie associative. Dans cette énonciation, le sujet raconte comment il a fait l’apprentissage de sa société en s’appropriant des espaces physiques et mentaux et, du même coup, son récit décrit la société urbaine comme il l’a perçue.
Dominique Sarny, dans son article » Apprivoiser la ville : le cas des ouvrières de Dominion Corset « , présente un aspect de la recherche conduite auprès des ouvrières de cette compagnie de Québec. Se rattachant à la fonction urbaine de production, le travail en usine s’inscrit dans un cadre organisationnel qui permet la mise en place de regroupements informels, de petits groupes, qui procurent à ces jeunes femmes un lieu d’où elles pourront » apprivoiser la ville « . L’article de Sarny démontre que l’intégration des différentes fonctions et pratiques qui constituent l’expérience urbaine s’est faite à partir d’un rôle social défini par le travail.
Dans un article intitulé » Les As de Québec (1928-1953) : quand les papetiers se font hockeyeurs « , Jean-Christophe Laurence décrit l’évolution d’une équipe de hockey qui, à partir d’un lieu de production organisationnel, a fini par devenir un facteur d’identité et de fierté pour la population de la ville tout entière. Une compagnie favorise la formation d’une équipe de hockey qui regroupe quelques employés. Un » club de compagnie » comme tant d’autres qui constitue un groupe d’appartenance au cœur de l’organisation. Mais voilà que, dans une sorte d’appropriation réciproque, l’équipe investit l’organisation et que cette dernière récupère l’équipe jusqu’au moment où la ville elle-même la lui » enlève « , car l’équipe est devenue les fameux As deQuébec dont la mémoire se perpétue encore dans les témoignages des amateurs de hockey de Québec. D’un groupe qui pratique un sport dans le cadre d’une fonction de récréation englobée elle-même dans la fonction de production, émerge un club de hockey qui en viendra à jouer un rôle dans la fonction de projection de la Ville de Québec.
Des éléments de mon essai » Les Plaines, les Plaines d’Abraham, le Parc des Champs de bataille » ont déjà été publiés sous le titre » Un lieu de parole » dans un texte adapté au cadre de l’ouvrage publié sous la direction de Jacques Mathieu et d’Eugen Kedl, Les Plaines d’Abraham le culte de l’idéal9. Dans ce numéro deCanadian Folklore canadien, je livre le texte intégral qui puise à une relative observation participante, à une enquête semi-dirigée qui m’a permis de recueillir le non-dit et à une réflexion sur les conduites prescrites et leur transgression ; il montre, il ne veut pas démontrer, que le cosmos n’est toujours qu’une fragile organisation duchaos et que l’entropie aspire les aménagements par lesquels nous voulons la contrôler.
Un dernier article » Folklore et ethnologie urbaine » fait le point sur certaines orientations de recherche des folkloristes américains et sur certaines problématiques de l’ethnologie française. Première esquisse d’un programme de recherche et de ses interrogations. La ville conçue comme espace spécifique serait-elle, de plus, un espace mental qui envahit toutes les cultures et les sous-cultures ?
Bernard Genest dans la note de recherche » Drummondville : essai d’ethnologie urbaine « , rend compte d’une recherche qui fit suite au Macro-inventaire du patrimoine québécois. Dans le cas de la ville de Drummondville, une nouvelle approche a permis de décrire l’appropriation progressive de segments de territoires qui ont constitué un espace urbain. Les stratégies des acteurs sociaux ont construit un organisme complexe qui intégrait des dynamismes culturels dans un ensemble de fonctions complémentaires.
Dans la note de recherche de Diane Brazeau intitulée » Le rôle de Gérard Thibault dans le divertissement populaire urbain à Québec » rend compte de l’action singulièrement dynamique d’un homme d’affaires qui a progressivement pris conscience des enjeux de la culture populaire. Dans ses établissements, il a accueilli les plus grands interprètes de la chanson française et de la chanson québécoise et, alors que la chanson américaine envahissait les ondes, a fait entendre une tradition musicale qui s’est intégrée à la définition d’une identité collective. L’exemple de Gérard Thibault fait découvrir dans la ville des lieux multiples, contrastés, complémentaires qui favorisent une expression plurielle, expérimentale, créatrice.
Ces articles esquissent les grandes lignes d’une démarche ethnologique qui aborde le phénomène urbain par ses pratiques culturelles et ses fonctions. Au cœur de la ville, l’acteur social agit sur la ville qui, de son côté, agit sur lui. Lorsque l’enquêteur paraît, les acteurs, les espaces, les comportements, les représentations, les perceptions, les souvenirs se fondent et se confondent dans un discours qui compose et recompose une ville, des villes, met en relief une famille, fait apparaître une rue et un quartier, évoque un groupe de copains, anime les murs d’une usine désaffectée, redonne vie à un cabaret disparu, ramène sur la scène un vieil instituteur, mentionne des frasques, etc. Sous le discours, la ville émerge, complexe, bruyante, touchante et, je l’avoue, dans le cas de la ville de Québec, belle et éloquente car, comme l’a dit le poète : » Les gens de mon pays, ce sont gens de parole. «
1. Concept général d’interprétation du patrimoine de la Ville de Québec, Québec, Cultura, Bureau d’études inc., 1989, p. 24.
2. Concept général d’interprétation […], p. 25.
3. Concept général d’interprétation […], p. 26.
4. Concept général d’interprétation […], P 45
5. Partenaire du développement culturel, Ville de Québec, 23 mai 1989, p. 11.
6. Partenaire […], p. 22.
7. Jean Du Berger et Simonne Dubois-Ouellet, Collecte de la tradition orale au Rwanda : Mission faite au Rwanda du 21 juillet au 13 août 1987, Paris, Agence de coopération culturelle et technique/Programme spécial de développement, 1987, 41 p.
8. Vivre sa ville : Québec au xxe siècle, Québec, mars 1990, p. 4.
9. Québec, Éditions du Septentrion, 1993, p. 289-291.
Pour analyser la culture urbaine, les concepts de performance, de pratique culturelle et de fonction urbaine permettent de redonner sa place à l’acteur social, à son groupe d’appartenance, aux comportements concrets et aux contextes. Dans la ville moderne, s’ajoute l’organisation qui enveloppe les groupes. Huit variables sont utilisées pour construire une matrice des facteurs qui conditionnent les pratiques culturelles des acteurs sociaux : l’acteur social, son groupe d’appartenance, les champs de pratiques culturelles, les objets utilisés, les temps, l’espace, l’organisation et la fonction urbaine.
Recueillir la mémoire urbaine, tel est l’objectif du vaste projet de recherche » Vivre sa ville : Québec au xxesiècle » du Laboratoire d’ethnologie urbaine. Pour mener à bien une telle entreprise, il fallait développer une méthodologie d’enquête adaptée, d’une part, à la problématique urbaine et d’autre part, orientée selon la perspective du témoignage fondé sur l’expérience individuelle. Cet article expose quatre paramètres de la collecte en milieu urbain, c’est-à-dire les contextes spatial et temporel, le cadre social ou le rôle exercé par le témoin et le contexte associatif, paramètres retenus comme indicateurs pour le repérage des informateurs. La méthodologie d’enquête orale que nous avons retenue repose sur une combinaison de deux techniques d’entrevues : celle du récit de vie et celle du récit de pratiques. Cette méthodologie privilégie l’individu et ses perceptions. Enfin, cet article présente les différentes étapes effectuées au moment de la collecte du témoignage et du traitement des entrevues, étapes regroupées dans une démarche d’enquête qui structure le protocole de recherche du Laboratoire d’ethnologie urbaine.
Le Laboratoire d’ethnologie urbaine a choisi l’approche biographique comme méthodologie d’enquête auprès des citoyens de la ville de Québec. Après quelques réflexions sur la définition des termes concernant l’histoire de vie, le récit de vie et les récits de pratiques, cet article expose la dynamique de l’entretien, le rôle de l’enquêteur ainsi que les effets que provoque chez l’informateur le fait de raconter sa vie. I1 rend compte également des raisons de ce choix qui nous permet de dépasser le fait, l’anecdote, l’événement, de recueillir les perceptions, de comprendre la vie quotidienne. Cet article s’appuie sur les expériences de terrain des chercheurs du laboratoire et celles vécues pendant mes recherches sur la médecine traditionnelle au Québec et au Cameroun.
Fondée à Québec en 1886, la compagnie Dominion Corset s’est rapidement imposée dans la création et la fabrication de sous-vêtements féminins à l’échelle mondiale. Inscrite au cœur du monde urbain, Dominion Corset était plus qu’un simple lieu de production. On a pu, en effet, mettre en évidence le rôle que l’entreprise jouait dans la dynamisation de plusieurs fonctions qui rythmaient la vie du quartier et de la ville. L’originalité d’une démarche proprement ethnologique dans un contexte entrepreneurial et urbain tient aux informations recueillies directement auprès de ceux et celles qui font et vivent l’entreprise, ce qui permet de découvrir le rôle de ces derniers dans la ville et le rôle qu’a joué la ville dans leur vie.
On a peu ou pas écrit sur l’histoire des As de Québec (1928 et 1969). Pourtant, cette équipe de hockey représente un des plus étonnants cas d’ethnologie industrielle, sportive et urbaine qui soient. Né d’une entreprise de pâtes et papier afin de divertir la masse ouvrière, récupéré ensuite par la ville et ses citoyens, vendu plus tard à des intérêts étrangers, ce club sportif fut pendant quelques décennies un exutoire, un lieu de consensus et de fierté de toute une usine, puis de toute une ville. Cet article tente de retracer le parcours qu’ont suivi les As pendant leurs vingt-cinq premières années d’existence, tout en expliquant comment, de petite équipe d’entreprise, ils ont pu devenir l’orgueil de toute une cité.
Cet essai présente les usages d’un lieu public : usage prescrit par l’organisme qui le gère et usages des utilisateurs. Aux fonctions de commémoration et de célébration, les usagers ajoutent des fonctions de transgression. Le parc renvoie une image des dynamismes antagonistes qui animent toute société.
Cet article fait un tour d’horizon des orientations de recherche des folkloristes américains en regard de la culture urbaine, ainsi que de certaines perspectives dégagées par des ethnologues français.
C’est à titre essentiellement expérimental que fut entrepris ce petit exercice d’ethnologie urbaine. En 1982, l’opération macro-inventaire du patrimoine québécois prenait fin, laissant toutefois un vide à combler quant à la connaissance des milieux fortement urbanisés. Conscients de l’inadéquation des moyens utilisés jusque-là pour aborder le patrimoine des villes, la nécessité d’imaginer de nouvelles façons de faire apparut primordiale aux spécialistes en patrimoine du ministère. Dans son texte, Bernard Genest retrace les différentes étapes d’une expérience de terrain qui visait à développer une approche particulière à l’étude et à l’analyse des phénomènes patrimoniaux de nature ethnologique en milieu urbain. L’exercice, appliqué au centre-ville de Drummondville, s’inscrivait à l’intérieur d’une démarche pluridisciplinaire qui, pour des raisons d’ordre circonstanciel, ne fut jamais complétée. En dépit de son inachèvement et des années depuis écoulées, la démarche demeure pertinente parce qu’elle rejoint dans ses objectifs et sa finalité des préoccupations très actuelles, soit la prise en compte des perceptions du citoyen dans son milieu de vie, tout en faisant ressortir le caractère dynamique des pratiques culturelles tant sociales qu’économiques.
Homme d’affaires et propriétaire de plusieurs cabarets, Gérard Thibault a joué un rôle incontestable dans le domaine de la vie culturelle à Québec. Sur une période de quarante ans, il est passé de restaurateur à directeur de salles de spectacles. Ses établissements connurent un grand succès parce qu’ils rejoignaient différents types de clientèles et qu’ils étaient situés en des points stratégiques de la ville. Le cabaret Chez Gérard fut, en ce sens, le point de départ d’un réseau de cabarets et de boîtes à chansons qui mirent en valeur la chanson française et la chanson québécoise. À partir principalement du témoignage recueilli auprès de Gérard Thibault dans le cadre des enquêtes du Laboratoire d’ethnologie urbaine, cet article esquisse les étapes du développement de ses activités dans le domaine culturel. Des témoignages de ses contemporains, artistes et chroniqueurs, permettent aussi de comprendre non seulement le rôle qu’il a joué mais également l’impact de ses initiatives dans le champ récréatif du divertissement urbain.
Cet article traite de la construction symbolique et discursive de la croyance dans le pouvoir du septième fils comme guérisseur chez les Franco-Terreneuviens. Il présente et analyse les stratégies discursives au moyen desquelles sont disséminés les détails de la tradition, aussi bien que le discours qui sert à soutenir sa légitimé. On présente aussi les manifestations de cette tradition en France et en Amérique du Nord.