Appel à contributions. Ethnographies nocturnes : esthétique et imaginaire de la nuit

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6 March 2021

Boudreault-Fournier & Diamanti (2018), Guardians of the Night, Cuba

Numéro thématique: « Ethnographies nocturnes : esthétique et imaginaire de la nuit »

Sous la direction de : Eleonora Diamanti (John Cabot University), Alexandrine Boudreault-Fournier (University of Victoria)

La nuit s’est élevée en domaine d’étude chez les ethnographes de nombreuses disciplines – de l’anthropologie à la géographie, en passant par l’étude des médias et la sociologie. Depuis les premiers travaux novateurs en sciences sociales de la fin du XXe siècle, axés principalement sur la nuit urbaine (Bianchini 1995; Cauquelin 1977; Lovatt et O’Connor 1995; Melbin 1978; Schivelbusch 1995) ou les rituels et rêves nocturnes (Bulkeley 1999), un nouveau champ disciplinaire a fait émergence : les études sur la nuit. La nuit n’est plus perçue comme une simple prolongation du jour ni comme sa contrepartie négative. Au contraire, les chercheur-e-s qui s’intéressent de plus en plus à ce domaine avancent qu’il est nécessaire d’envisager une compréhension interdisciplinaire de l’espace-temps nocturne, à partir de perspectives sociales, culturelles, biologiques, écologiques, politiques et médiatiques (Becquelin et Galiner 2020; Candela 2017; Kyba et al. 2020; Gwiadzinski, Maggioli, Straw 2020). L’ethnographie sert souvent de méthodologie d’accès pour étudier la nuit en lien avec la vie urbaine, les infrastructures, les médias, les rituels et les questions écologiques. Actuellement, ces recherches s’intéressent principalement aux dimensions historique, géographique, architecturale et politique de la nuit. Pour notre part, nous désirons explorer ses dimensions esthétique, sensorielle et imaginaire d’un point de vue ethnographique : Comment les ethnographes mènent-iels leurs recherches la nuit/sur la nuit? Existe-t-il des sensibilités propres au cycle de 24 heures qui débute au crépuscule? Quels types d’imaginaires et d’esthétiques la période nocturne invoque-t-elle?

En anthropologie, la nuit, en tant que dimension spatiotemporelle, est longtemps demeurée dans l’ombre du jour, et ce n’est que récemment qu’on s’intéresse à son histoire passée et contemporaine (Becquelin et Galiner 2020; Diamanti et Boudreault-Fournier, à venir; Galinier et al. 2010; Gonlin et Nowell 2018; Schnepel et Ben-Ari 2005). En contexte anthropologique, on considère l’ethnographie comme étant depuis longtemps traditionnellement une discipline diurne, principalement parce qu’en tant qu’êtres humains et chercheurs, nous avons choisi la vue comme principal point d’accès à l’expérience et au savoir. Cet aspect revêt une importance particulière dans le cadre de certaines approches propres à l’obscurité dans des sous-disciplines comme l’ethnographie audiovisuelle, qui dépend énormément du sens de la vue, grandement affectée à la noirceur, bien qu’elle dispose malgré tout du riche point d’accès que représente l’ouïe, ou encore l’ethnographie sensorielle qui propose des outils permettant d’étudier la nuit par le biais des autres sens. Or, selon nous, les nombreuses contraintes que la dimension nocturne impose aux chercheur-e-s – matérielles, sensorielles, physiques, sans oublier techniques – devraient être perçues comme un point de départ pour mieux étudier la nuit par une approche nocturne lui étant propre, c’est-à-dire en étudiant ses composantes esthétiques, imaginaires et sensibles, cette « aesthetically reimagined night » (2013: xiii) que décrit Elizabeth Bronfen dans son œuvre Night Passages en référence aux imaginaires de la nuit enrichis par les écrivain-e-s, poètes et cinéastes.

Ce numéro d’Ethnologies a pour objectif de favoriser le débat en réunissant des articles interdisciplinaires sur les études ethnographiques qui s’intéressent à la nuit d’une perspective imaginaire et esthétique. Nous aimerions cartographier les ethnographies nocturnes et comprendre quels impacts a la nuit sur le travail des chercheur-e-s et quels types d’outils et de techniques sont proposés pour étudier l’espace-temps qui suit la tombée du jour. Nous aimerions réunir diverses disciplines et des chercheur-e-s aux horizons variés qui mènent des travaux de recherche ethnographique sur cette thématique, de l’anthropologie et l’ethnologie à la sociologie et des études sur les médias à la géographie.

Sujets :

Des articles sur les ethnographies nocturnes abordant les aspects suivants nous intéressent particulièrement :

  • Sensoriel
  • Son
  • Image
  • Matériel
  • Média
  • Vie urbaine
  • Infrastructure, etc.

Soumissions des articles :

Ethnologies est une revue scientifique qui publie en français et en anglais des articles évalués de façon anonyme par les pairs.

Les propositions de contribution (150 mots maximum) pourront être écrites en anglais ou en français.

Elles devront être envoyées à la direction du numéro aux adresses suivantes :

ediamanti@johncabot.edu et alexbf@uvic.ca

Les résultats de la sélection des propositions seront annoncés le 15 mai 2021, et les articles seront à remettre avant le 15 septembre 2021. Ils seront ensuite évalués anonymement par les pairs. Les articles retenus seront publiés au printemps 2022.

Les articles définitifs devront avoisiner les 7500 mots (40 000 caractères, espaces comprises) et pourront comporter des illustrations (sonores, visuelles, fixes ou animées), dont l’auteur de l’article aura pris soin d’obtenir les droits de publication.

Calendrier

- 1 mai 2021 : soumission des propositions;

- 15 mai 2021 : annonce des résultats de la sélection des propositions;

- 15 septembre 2021 : soumission des articles aux fins d’évaluation;

- Printemps 2022 : publication des textes retenus.

Protocole de rédaction pour la soumission des articles en français :

https://www.acef-fsac.ulaval.ca/fr/revue-ethnologies/publier

Références

Becquelin, A. and J. Galinier (Eds.). 2020. “And then came the night…: field work, methods, perspectives”. Ateliers d’Anthropologie 48. https://doi.org/10.4000/ateliers.13380

Bianchini, F. 1995. Night cultures, night economies. Planning Practice & Research10(2). 

Bronfen, E. 2013. Night passages : philosophy, literature, and film. Columbia University Press.

Bulkeley, K. 1999. Visions of the night : dreams, religion, and psychology (Ser. Suny series in dream studies). State University of New York Press. I

Burkhard S and E. Ben-Ari. 2005. “Introduction: 'When Darkness Comes': Steps toward an Anthropology of the Night.” Paideuma: Mitteilungen zur Kulturkunde, Bd. 51:153–163. Frobenius Institute Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40341891

CANDELA. 2017. « Pour une sociologie politique de la nuit », Cultures & Conflits, 105-106 | spring/summer 2017. DOI : https://doi.org/10.4000/conflits.19432

Cauquelin, A. 1977. La ville, la nuit. Paris: Presses universitaires de France. 

Diamanti, E. and A. Boudreault-Fournier (forthcoming). Sensing the Night: Nocturnal Filmmaking in Guantánamo, Cuba.

Galinier, J., et.al. 2010. “Anthropology of the Night: Cross-Disciplinary Investigations.” Current Anthropology 51(6): 819-847.

Gonlin, N., and Nowell, A. (Eds.). 2018. Archaeology of the night : life after dark in ancient world. University Press of Colorado.

Gwiazdinski, L. Maggioli, M. and W. Straw. 2020. Night Studies. Elya Editions.

Kyba CC,et al. 2020. “Night Matters—Why the Interdisciplinary Field of “Night Studies” Is Needed.” J-Multidisciplinary Scientific Journal 3(1):1-6.

Lovatt, A., and O'Connor, J. 1995. “Cities and the night-time economy.” Planning Practice & Research10(2).

Melbin, M. 1978. Night as frontier. American Sociological Review43(1), 3–22.

Palmer, B. 2000. Cultures of Darkness. Night Travels in the History of Transgression. New York: Monthly Press.

Schivelbusch, Wolfgang. 1995. Disenchanted night: the industrialization of light in the nineteenth century. Berkeley: The University of California Press.